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Polémique sur la menace terroriste
Selon le « New York Times » et le « Washington Post », l’essentiel des informations remontait à avant le 11 septembre 2001. Et il n’est « pas sûr » que les surveillances des immeubles aient continué depuis. Les services américains, en tout cas, n’ont trouvé aucune preuve concrète qu’un complot était en préparation. « Nous savons qu’il s’agit d’une organisation qui planifie ses attaques à l’avance », s’est justifié Tom Ridge hier.
Grogne démocrate
Les ténors démocrates, à commencer par John Kerry, font mine, en public, d’approuver la décision de relever le niveau d’alerte. Ils ne veulent surtout pas donner l’impression qu’ils sous-estiment le risque terroriste. En privé pourtant, ils ne se privent pas de pester. Le passage de l’alerte « jaune » à l’« orange » est pour eux cousu de fil blanc : au lendemain de la Convention démocrate de Boston, l’administration Bush n’avait-elle pas tout intérêt à détourner l’attention des Américains ?
L’alerte permet par ailleurs de donner à l’opinion une piqûre de rappel, pour que personne n’oublie les dangers qui menacent l’Amérique.
Pour enfoncer le clou, Bush a annoncé lundi la création d’un poste de « Directeur national du renseignement » qui coordonnera les différents services.
Le Président a évoqué l’obligation qu’il avait de lancer de telles alertes : « Quand nous trouvons quelque chose, nous devons le partager. Et nous parlons ici d’une affaire très sérieuse, fondée sur des renseignements solides. » Avec un certain aplomb, il a ajouté : « Si nous étions silencieux, je pense que les gens seraient encore plus nerveux. »
Il est difficile de ne pas prêter d’arrière-pensées électorales à l’administration Bush. Pourquoi avoir invité les journalistes vedettes à la conférence de presse de dimanche ? « Parce que Tom Ridge les connaissait », répond-on maladroitement dans l’entourage de ce dernier. Pourquoi avoir attendu avant de reconnaître que les informations en cause étaient vieilles de quatre ans ?
Pourquoi avoir donné cette conférence de presse un dimanche soir, si ce n’est pour faire les manchettes des journaux du lundi ? Un autre épisode vient accroître ce malaise : l’arrestation, la semaine dernière au Pakistan, de l’un des terroristes d’al Qaeda les plus recherchés, le Tanzanien Ahmed Khalfan Ghailani. Un hebdomadaire américain, « The New Republic », avait en effet prédit cette prise. Il y a quelques semaines, il avait révélé que l’administration Bush faisait pression sur le Pakistan pour que l’arrestation d’un terroriste important ait lieu pendant la campagne, et si possible « les 26, 27 ou 28 juillet », c’est-à-dire pendant la Convention démocrate...
La Libre Belgique 2004
http://www.lalibre.be