Étudier le sommeil pour détecter la démence
Les neurologues divisent le sommeil humain en différentes phases plus ou moins profondes. L’une d’elles, le sommeil paradoxal, est caractérisée par une période riche en rêves, par des mouvements rapides des yeux et par une absence totale de tout tonus musculaire, une paralysie temporaire en quelque sorte. Il arrive que chez certaines personnes, les mouvements musculaires ne soient pas inhibés et qu’elles bougent pendant cette phase de sommeil, allant parfois jusqu’à « mimer » leurs rêves. C’est ce que les spécialistes appellent le trouble comportemental en sommeil paradoxal, ou TCSP.
Plus qu’une curiosité, le TCSP est souvent associé à des maladies neurodégénératives telles que l’atrophie multisystémique, la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy, des maladies appelées synucléinopathies. On a cru que ces maladies du système nerveux étaient responsables du TCSP, jusqu’à ce qu’on fasse un suivi pendant plusieurs années de personnes qui étaient touchées par ce trouble du sommeil mais qui n’avaient pas de problème cérébral.
Douze ans après la découverte de leur TCSP, 38% d’entre eux présentaient des symptômes de la maladie de Parkinson, et 19 ans plus tard, c’était 65% qui avaient une maladie neurodégénérative. Il semble donc que le TCSP soit un premier symptôme, plusieurs années à l’avance, d’une maladie plus grave. D’où s’on intérêt comme outil diagnostique.
Autre fait intéressant, d’autres maladies causant la démence, comme par exemple la maladie d’Alzheimer, ne sont à peu près jamais précédées d’un épisode de TCSP. Ici encore, lors d’un début de démence, la présence de TCSP permettra d’écarter d’emblée l’hypothèse de la maladie d’Alzheimer.
Cybersciences